Lettre ouverte de Jean-Pierre Koenig à Pierre Pribetich au sujet des Lentillères

Dans un article publié Jeudi 28 mars dans le Bien Public M. Pribetich affirmait à propos des terres maraîchères du quartier des Lentillères : « ces anciennes terres ne devaient pas être si exceptionnelles, sinon les anciens exploitants ne seraient pas partis ». Jean-Pierre Koenig, ancien exploitant de ces terres et actuellement maraïcher bio à Auxonne a répond.

Bonjour,

J’ai lu hier dans votre journal dans l’article consacré au Jardin collectif des Lentillères des propos tenus par M. le Président du Conseil d’administration de la Semaad sur la fertilité des sols du quartier des Lentillères qui m’ont indigné ! Je cite : « ces anciennes terres ne devaient pas être si exceptionnelles, sinon les anciens exploitants ne seraient pas partis ».

Je m’inscris en faux contre ces propos et je ne sais pas d’où M. Pribetich tire sa légitimité comme expert agricole ! Il y a trente ans, j’ai eu la chance de pouvoir m’installer comme jeune maraîcher bio sur un hectare de très bonnes terres maraîchères dans le quartier des Pousssots. Avant moi, s’étaient succédés sur cette parcelle plusieurs générations de maraîchers qui par des apports répétés de fumier de cheval ont enrichi cette terre de façon considérable. Lors de mon installation en 1982, j’ai fait procéder à des analyses de sol qui révélaient un taux de matière organique allant de 6 % à 10 %, ce qui est très important Ce sol très fertile m’a permis de produire pendant plus de vingt ans des légumes bio de grande qualité de façon intensive puisque sur la même parcelle se succédaient jusqu’à trois cultures. Notre production était entièrement vendue sur le marché de Dijon, comme pour beaucoup de jardiniers de la ceinture verte. Ce qui a provoqué notre départ en 2000, n’est absolument pas lié à la qualité du sol du jardin, mais à la nécessité de penser à la pérennité de notre ferme, menacée par les projets d’urbanisme de la ville. Depuis, nous nous sommes réinstallés à Auxonne sur une grande parcelle de terres maraîchères, où nous poursuivons notre activité en bio.

Il y a trois ans, nous avons été enthousiasmés par le projet de jeunes jardiniers voulant reconquérir ces terres laissées à l’abandon après notre départ et les avons soutenus de notre mieux.

Il est indispensable de maintenir au coeur des villes des jardins comme celui du Pot’coll permettant aux habitants du quartier de produire, de façon individuelle ou collective les légumes de leur consommation. Vous avez choisi d’intituler votre projet d’urbanisme  » Eco-quartier des Maraîchers ». Prouvez votre bonne foi en maintenant sur ces terres une vraie activité agricole !

Jean-Pierre Koenig

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