Depuis ce deuxième confinement, on pressent qu’il va falloir apprendre à « vivre avec » la pandémie mondiale encore un peu plus longtemps. Depuis quelques temps, on avait compris aussi qu’il allait falloir « faire avec » la crise écologique. Plutôt que d’attendre gentiment le prochain état d’urgence, ce qu’on essaye de construire, ici, au Quartier Libre des Lentillères, c’est une manière possible de continuer à vivre malgré ces crises. En imaginant et en créant un monde qui nous fasse envie, tissé de rapports non-marchands, empreint de solidarité et de sens des communs, connecté à l’environnement dans lequel on se trouve, organisé en autogestion.
D’une petite lutte très localisée contre un projet de bétonisation comme il en existe tant, s’est construit durant 10 ans, sans préméditation, en tâtonnant, en bidouillant, un quartier riche de la diversité de ses activités (de maraichage en auto-construction, de petits jardins en fêtes de quartier), riche aussi des personnes qui le traversent, le font vivre, y jardinent et y habitent. Et riche en imaginaires possibles. Ensemble on se réinvente sans cesse collectivement.
Forcément, ces derniers mois, on est comme tout le monde : on est ébranlé.e.s par la crise sanitaire qui agite notre planète. Dans ces moments de doutes, pouvoir échanger des avis, exprimer nos peurs, discuter de nos limites, débattre pour, au final, tenter de se mettre d’accord collectivement sur les mesures que l’on met en place pour prendre soin de nos santés et continuer à créer du commun, ça nous semble d’autant plus cohérent. L’autogestion qu’on expérimente et qui s’éprouve ici au quotidien nous permet cela. Ça n’a rien d’évident, et c’est un processus encore en cours, mais c’est une démarche nécessaire. Loin d’une politique pyramidale qui inspire la défiance, loin d’une vision individualiste de la responsabilité, loin d’une stratégie de la culpabilisation, on a l’intention de continuer à se faire confiance pour apprendre à élaborer ensemble une pensée pertinente politiquement.
Ce texte est une invitation à venir dans ce quartier libre, qui fait partie intégrante de la ville (n’en déplaise à la mairie). On ne construit pas ici un en-dehors du monde, mais un espace ouvert, poreux et que l’on souhaite accueillant. En ces temps de crise sanitaire où la plupart des lieux de sociabilité que l’on peut trouver en ville ont fermé leurs portes, où certaines associations sont empêchées de mener leurs actions, il nous semble d’autant plus nécessaire de rappeler que la liberté de circuler et de s’organiser, encore en cours ici, est accessible à tout le monde.
En effet, alors qu’on entend à la radio que pour prendre soin de nos proches, il ne faut plus les approcher, nous on se dit à l’inverse que se retrouver pour flâner au grand air avec des gens qu’on aime, c’est fondamental. Qu’un monde où la sociabilité n’est permise qu’au sein du travail et de l’espace familial, pour beaucoup d’entre nous, ça ne correspond à aucun schéma connu. Que jardiner, ça peut assurer le bien-être psychologique de personnes qui se sentent vite coincées sans leur quelques m2. Qu’on n’a pas envie de se recroqueviller et que faire des trucs ensemble, c’est comme ça qu’on envisage l’apprentissage. Que pour continuer à se rencontrer, on a envie d’aller distribuer des légumes sur le rond-point d’à côté.
De fait, le quartier continue à vivre. Ses résident.e.s, humain.e.s, hérissons ou limaces, s’y déplacent librement, sans avoir à « attester » d’une bonne raison d’être là où illes sont. Les récoltes de légumes d’automne sont abondantes, et demandent à être partagées au plus grand nombre. C’est le moment de l’assolement et de la préparation des sols pour l’hiver. On ne peut pas mettre le vivant en pause. Depuis quand ne fait-on plus partie du vivant ?
Alors, n’hésitez pas à passer nous voir au quartier quand vous voulez. On vous invite aussi à soutenir autant que vous le pouvez les Jardins de l’Engrenage, aujourd’hui menacés d’expulsion, ainsi que d’autres espaces de liberté et de circulation qui se font expulser, ne peuvent pas voir le jour ou se maintenir. Faisons-les vivre et défendons-les !
Le Quartier Libre des Lentillères
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« J’ai 10 ans » ! Plongée dans les archives de cette tumultueuse première décennie et particulièrement sur la date anniversaire. Par ces temps de confinement, on vous emmène en ballade dans les archives du média militant local de l’époque – Brassicanigra – avec des articles, des photos et aussi des vidéos glannées sur le web.
Remontons le temps grâce aux archives amassées en ligne et, pour fêter l’anniversaire du Quartier Libre des Lentillères malgré le confinement, retraçons ensemble ces 10 années de luttes et de construction….
Nous, consommateurs, sommes conscients de l’impact des modes de production, de transformation et de distribution des produits alimentaires sur l’environnement et la santé. Près de la moitié des aliments végétaux consommés en France renferment des résidus de pesticides, les sols et l’eau sont pollués, et de 20 à 30% des émissions de gaz à effet de serre sont dus à l’agriculture intensive en Europe. L’agriculture biologique apporte une réponse concrète aux problèmes de santé publique et d’environnement. Elle offre, à un prix juste, des produits frais, de saison et dont la qualité est contrôlée à tous les niveaux. Mais elle représente actuellement moins de 2% de la surface agricole de Côte d’Or. Il n’y a pas assez de producteurs biologiques pour répondre à la demande croissante. Par exemple, plus de 600 familles de l’agglomération dijonnaise sont en attente d’un panier bio hebdomadaire et la restauration collective souhaiterait introduire de façon régulière ces produits. Face au manque de terres “pour” installer de nouveaux producteurs en bio – particulièrement en maraîchage, nous, signataires de la pétition, demandons aux élus et responsables agricoles de s’engager dès maintenant à œuvrer à la préservation et au maintien de terres agricoles en Côte d’Or par tout moyen (rachat, création de zone agricole protégée, etc.)
· pour l’installation de nouveaux paysans en agriculture biologique
· pour la conversion en agriculture biologique des terres agricoles, particulièrement celles situées à proximité des captages d’eau.
L’écologie est dans tous les discours… il est temps de passer aux actes ! L’alimentation saine est un droit pour tous. « La pétition est à signer sur jesigne.fr, elle sera aussi disponible sous forme papier sur le marché de Dijon et dans différents endroits en fonction des actions menées par les membres du collectif. Le collectif à la base de cette action est constitué de : Confédération Paysanne 21, Quetigny Environnement, Bioconsom’acteur, Greenpeace Dijon, les Amis de la Conf’, ATTAC 21, les Amis de l’Eldorado, les Verts 21, Slow Food Dijon Côte d’Or, ARDEAR Bourgogne, Terre de Liens, Artisans du Monde, Association KIR, GAB 21, Nature et Progrès Côte d’Or, AMAP Bio de Plombières, Les paniers de la vallée, Plombières Environnement, Les Colporteurs, dijon-écolo, AMAP Bio Les Jardins de Virgile, AMAP Bio des Pieds Bleu, les Faucheurs Volontaires, Association Sun Festival. Cette pétition touche l’ensemble du département, mais il faut savoir que l’agglomération dijonnaise compte de nombreux hectares de cultures (un peu moins de 22 000 ha en 2000), pour environ 1,5% de terres en agriculture biologique (les données sont un peu anciennes, mais la situation ne s’est guère améliorée). L’agriculture péri-urbaine est possible et fondamentale, mais elle se heurte à différents problèmes. Dans l’agglomération dijonnaise il existe un rapport très intéressant à ce sujet, intitulé « Etudes et dialogues sur l’agriculture périurbaine dijonnaise ».
20 mars 2010 – La « semaine de l’environnement »
« La Semaine de l’Environnement se propose d’être un modeste porte‐voix des réflexions et expérimentations sociales et écologiques qui visent à la ré-appropriation de notre présent sans hypothéquer notre futur. » Portée par l’association Kir du réseau GRAPPE. Le Réseau GRAPPE (GRoupement des Associations Porteuses de Projets en Environnement) rassemble un ensemble d’associations étudiantes pour promouvoir au niveau national une vision alternative et engagée de l’écologie. Dans une approche ludique : Balades, conférence-débat, jeux, projection de films, apéros, table ronde, ateliers, concerts, etc.
Dimanche 28 mars 2010 à 13h, place Wilson à Dijon Pique-nique, concert, déambulation, action, interventions et débats… Pour défricher ensemble les bases d’une agriculture locale, directe, bio et s’émanciper collectivement du modèle productiviste et industriel… Pour faire sauter le verrou de l’accès au foncier en zones rurales ou péri-urbaines. Libérons les terres ! Avec la participation/intervention de : la Confédération Paysanne 21, Terres de lien, de jeunes agriculteurs locaux, le réseau européen Reclaim The Fields, l’association Plombières environnement, l’association Kir, Espace autogéré des Tanneries, les Faucheurs volontaires 21, Food not Bombs Dijon, Groupe libertaire Dijon… Dans sa course au rendement, le modèle agricole dominant, basé sur une logique industrielle et productiviste requiert un usage massif de pétrole, de pesticides, d’engrais, d’emballages plastiques, le transport des aliments sur des milliers de kilomètres et provoque la stérilisation des sols et des cours d’eau, la désagrégation de liens sociaux dans les campagnes et l’exode rurale, l’exploitation et le maintien dans la misère de millions de sans-papier-e-s et sans-terres en Europe et dans le monde. Son développement à l’échelle mondiale n’aura fait qu’aggraver les inégalités sociales, la destruction de la biosphère et livrer le vivant, des champs jusqu’aux semences et engrais, aux tenants de l’agro-industrie mondiale et à leurs trusts. L’agriculture industrielle est un cercle vicieux dévastateur. Des mythes progressistes aux mentalités conservatrices, du rouleau compresseur économique aux choix étatiques, son offensive est toujours féroce, même relookée « écolo ». Partout dans le monde, des millions de paysans se battent pour garder un contrôle sur leur ressources, pouvoir nourrir les leurs et ne pas finir dans des bidonvilles. En Europe, les politiques alimentaires ont presque réussi à faire disparaître totalement la « paysannerie » en faisant en sorte qu’il soit presque impossible pour les petits agriculteurs de vivre du travail de la terre et pour les jeunes de s’installer comme paysan. Elles ont rendu la plupart d’entre nous complètement dépendant-e-s, coupé-e-s de tout savoir-faire », espaces et pratiques connectées à la production de notre alimentation. Autour de Dijon, des maraîchers, paysans et des associations regroupant des citadins ou des ruraux, dénoncent et défient la domination de l’agriculture conventionnelle. Des initiatives variées mettent l’accent sur les divers freins institutionnels et politiques à l’installation que rencontrent notamment des projets bios orientés vers la vente directe et locale ou vers des associations. Mais l’accès au foncier demeure souvent verrouillé face à des visions en porte à faux avec l’agro-industrie et ses hypermarchés. Chaque jour des hectares de terres dans le monde sont grignotées par le béton, et les anciennes ceintures maraîchères font sans cesse place à des zones commerciales, des parkings et des immeubles. Dijon ne transige pas à la règle : les campagnes alentours sont tenues par les gros producteurs, la ceinture maraîchère est en friche ou bitumée, et les jardins ouvriers, reflets de communautés sociales et trésors de débrouilles, tendent à disparaître, malgré les fortes demandes à ce sujet. On nous parle sans cesse d’éco-quartiers, mais au delà-du flon flon vert pour l’image et de la réalité eco-aseptisée qu’elle cache, ce que nous souhaitons (re)créer aujourd’hui ce sont des zones maraîchères au sein et en périphérie des villes. Nous voulons des terres où puissent se développer des projets agricoles pour des paysans qui souhaitent s’installer, aussi bien que des potagers qui permettent à des citadins de cultiver une partie de leur nourriture. Les initiatives de libération de terres laissées en friche ou vouée au béton, et la mise en place de potagers collectifs sont parmi les moyens possibles pour défricher les bases d’une agriculture, locale, directe, bio… Elles questionnent les modes de productions et le cloisonnement producteurs-consommateurs. Elles permettent de briser en acte le brevetage et la commercialisation systématique du vivant, et de fertiliser les liens qui se tissent à partir d’une terre partagée, habitée et travaillée… Parce que la nourriture est un besoin primaire, parce qu’autonomiser l’alimentation de l’agro-industrie est à la charnière de tout projet social émancipateur, parce que nous voulons mettre nos idées en pratique et relier des actions locales aux luttes globales, parce que le refus de la nourriture industrielle ne se situe pas sous plastique et hors de prix dans un rayon high tech de supermarché : libérons les terres !
Récit de la libération des terres
Divers collectifs, des citadins bêches à la main, des jardiniers en herbe ou des maraîchers en lutte ont libéré des terres. Des explications et rendez-vous pour la suite…
Appel pratique : Avant tout compte-rendu, un peu de pratique : le potager collectif qui s’installe sur les terres libérées cette semaine à Dijon, rue Phillipe Guignard (au rond point juste à coté du collège des Lentillères et le long de la voie ferrée) est ouvert à tous et toutes. Son maintien, son ampleur et sa dynamique ne tiennent qu’à vous. Des moments de jardinage, bêchage, défrichage et préparations de semis sont prévus tout au long de la semaine, en particulier mercredi et samedi après-midi. Ces mêmes jours a 18h auront lieu des assemblées-goûters des usager-e-s du potagers pour s’organiser ensemble sur la suite. Contact mail, mais le mieux reste de se rencontrer sur place en bêchant ou autour d’un goûter. Récit : Malgré le temps très mauvais ce jour là, le nœud lunaire réputé défavorable au travail du sol, et le changement d’heure, autant de facteurs propres à décourager tout-e participant-e-s potentiel-le au pique-nique annoncé, c’est environ deux cents personnes qui se sont retrouvées vers 13h sous l’abri du kiosque de la place Wilson et autour.
Quelques interventions introductives ont d’abord eu lieu. Un représentant de l’AMAP de Plombières a souligné la demande croissante sur ce type de structure et le besoin que des terres soient laissées à disposition pour des projets paysans locaux. Un maraîcher affilié à la Confédération paysanne a rappelé les luttes menées par son syndicat à ce sujet et mentionné avec une certaine émotion qu’il y a dix ans, lui et sa compagne avaient dû partir des très bonnes parcelles qui allaient être occupées aujourd’hui à cause d’un hypothétique projet d’urbanisme et qu’elles avaient été laissées en friche depuis. Une militante de Terre de liens a parlé des initiatives d’aides collectives développée par son association pour accéder au foncier, tandis que des agriculteurs du réseau Reclaim the Fields (Réclamons les terres), venus de Mayenne, d’Ardèche ou du Morbihan ont appuyé sur la pertinence d’action de ce type en ville ou à la campagne, et au-delà, sur la nécessité de développer une nouvelle « paysannerie » pour sortir de l’impasse de l’agriculture industrielle.
Au son d’une batukada internationaliste, la manifestation a pris les allées du Parc et s’est dirigée droit au but (tenu caché), avec des brouettes pleines de petits plants et quelques dizaines de bêches, pioches, faux et fourches brandies qui lui donnait des airs de jacquerie urbaine. À l’arrivée au coin de la rue Phillipe Guignard l’ensemble des manifestant-e-s ont pénétré directement sur la première parcelle en friche de la rue, s’avançant mètres par mètres en défrichant en ligne ce champ envahi par les ronces. Au bout de quelques heures d’intense ébullition collective, grâce au ravitaillement assuré par Food not bombs et sous les rythmes véhéments de la batukada, une bonne partie du champ était déjà retourné et en voie d’être ensemencé. Les quelques policiers présents se sont contentés d’observer et de condamner, médusés. Une première assemblée du potager a permis de se donner rendez-vous pour la suite, d’organiser la diffusion de l’information, le début des cultures et le maintien de l’occupation. Bon nombre de voisins, qui voyaient les terres et les maisons alentour se dégrader depuis des années, sont venus s’enquérir avec enthousiasme de l’action et sont repartis en promettant de repasser bêche à la main ou avec quelques prospectus pour relayer l’information dans le quartier.
Et de l’autre côté de la friche, une maison occupée depuis un mois déjà par un collectif d’habitant.e.s, « la villa », propose de servir de lieu de réunion pour s’organiser sur le potager collectif.
Les habitant.e.s (sans droit ni titre) ont retapé le toit qui a été détuilé (la mairie de dijon en est propriétaire) pour rendre cette maison inutilisable. Cela s’appelle « dévitaliser » une maison, c’est-à-dire enlever des tuiles, des fenêtres… pour que le bâtiment devienne inhabitable.
2010 : Occupation, destruction, rassemblements et première fête
2011 – Construction du Pot’Col’Le, ouverture et expulsion de la boucherie
Le Pot’Co’Le
Le squat de Chicago
Ouverture du squat de la boucherie Ponelle, appelé « Chicago »
par les habitants, situé sur le quartier des Lentillères face à la zone
des abattoirs. C’est le premier gros squat dijonnais pour des personnes
exilées, ouvert en plein hiver alors que de nombreuses personnes
dorment dans les rues et les parkings.
Avant
Pendant
L’expulsion
La démolition
Après Un terrain de BMX a vu le jour, et chaque bosse porte le label « faite à la main » !
2012 – « Sondage » et lancement du Jardin des Maraîchers
Chantier d’été 2013 Construction du « Snack Friche », le premier espace collectif, chauffable, lieu d’organisation pour la vie et la lutte mais aussi espace gym, projections, concerts…
2014 – Manifestation et chantier
Printemps 2014 Grosse manifestation « festive et familiale » qui démarre devant le Grand Dijon et fait halte devant la mairie avec un concert du fameux groupe « 20 minutes de piscine ».
Eté 2014 Cette fois le chantier d’été s’intitule « DécoQuartier », des animaux masqués apparaîssent sur les murs de la rue Philippe Guignard.
Fête de printemps Nouvelle prise de terre pendant la fête de printemps et plantation d’un champ de courges.
La fête est marquée par une tonalité zapatiste avec une exposition permanente de fresques.
L’hydre capitaliste comme elle est nommée par les Zapatistes est partout et autour des Lentillères ce sont d’énormes panneaux de publicité qui vont tomber.
Votre souvenir de concert ? Pour les 7 ans du squat Les Lentillères à Dijon (qui vient de remporter une victoire importante avec l’abandon du Projet d’écoquartier qui devait détruire des terres maraîchères), nous jouons vers minuit, juste après qu’un groupe soit allé descendre un panneau publicitaire de 4×3 m à la disqueuse. Les gens reviennent de l’action gonflés à bloc, nous jouons, l’ambiance est extraordinaire, beaucoup de nos paroles (que le public chante) prennent toutes leur sens à ce moment, surtout qu’on sortait tout juste d’un spectacle pour lequel on avait fait la musique, autour de la question de comment vieillir avec ses idéaux. Souvenir très marquant.
2018 – Lancement de la phase 1 de l’écoquartier
En face de l’autre côté de la rue …
2019 – Victoire sur la phase 2 !
Le 25 novembre, une casserolade était organisée à l’occasion du conseil municipal où les Lentillères étaient à l’ordre du jour. Quelques heures avant le conseil on apprend que la mairie abandonne le projet d’écoquartier. Le rassemblement se transforme en casserolade de la victoire et on peut suivre dans la rue en direct sur grand écran le conseil municipal.
Après une harassante semaine de chantiers de nettoyage et entretien des espaces communs fin février, nous avons notamment réaménager le parc de la villa. 10 ans plus tard, on y trouve un amphithéâtre, un parc et un bateau pirate. En ces temps de confinement, on continue à préparer les espaces pour la fête des 10 ans qui n’est que repoussée, sans doute pour cet été !
Nous avions écrit ce texte il y a plusieurs jours, dans le but de le publier au cours de cette journée électorale. L’ampleur prise par le coronovirus semble mettre les élections à distance de l’actualité. Malgré tout et puisque le premier tour a bien eu lieu, nous vous invitons à lire, commenter et débattre les quelques reflexions suivantes pendant le confinement qui s’annonce. Aussi puisque le sujet est brûlant et qu’il est toujours bon dans des moments comme celui-ci de consulter des analyses plus structurelles, nous vous proposons également la lecture de l’article suivant qui fait le lien entre agro-industrie et coronavirus
Nous suivons depuis 10 ans notre propre calendrier, celui des saisons et des cycles de la nature, celui des luttes, de nos assemblées, des mouvements qui nous traversent, des rencontres, de la construction de nos amitiés et de nos soutiens.Et même s’il tente de s’imposer au monde politique, le calendrier électoral n’est pas le notre. Bien sûr nous n’y sommes pas complètement indifférent·es, car si nous luttons pour disperser le pouvoir, nous ne sommes pas dupes, celui-ci n’a pas disparu et les élections viendront donc couronner une nouvelle fois qui dirigera la ville. Les répercussions peuvent être nombreuses aussi bien pour les Lentillères que pour l’ensemble des habitant·es de la ville.
Ainsi dans le cadre de cette campagne électorale, les idées et les pratiques politiques de milliers de gens se sont vues ordonnées dans des programmes. Du moins celles qui sont devenues acceptables aux yeux des candidats, quand d’autres restent ignorées.
Aux Lentillères, dix ans de lutte ont finit par provoquer tellement de sympathie et de soutien au sein des dijonnais·es que tous les partis se sont rendus compte que l’abandon du projet semblait un filon électoral intéressant. D’autant plus depuis que le verdissement de programme est devenu la discipline la plus en vogue des élections.
Dépassés par les enjeux climatiques actuels, les mobilisations des jeunes, un été caniculaire, et la prise de conscience généralisée, politiciens de tout bord tentent, à l’heure de se faire (ré?-)élire, de s’accrocher à la bouée de sauvetage écologique. Mais comment pourrions-nous faire confiance à ceux qui ont permis au désastre écologique de se mettre en place ? Comment ceux-là mêmes qui gouvernent depuis des lustres pourraient-ils devenir du jour au lendemain les artisans de l’écologie ?
Depuis longtemps, des gens se sont mis en lutte aux Lentillères, à Bure, à Europacity, à Roybon, à Notre-dame des Landes, à Poligny, mais aussi à l’autre bout du monde, au Chili comme au Rojava. À chaque fois, les opportunistes de la politique espèrent retirer un profit de nos luttes en se les appropriant lorsque le vent tourne, tout en les vidant de leurs contenus les plus subversifs. L’histoire des luttes nous apprend à nous méfier des amitiés offertes à la veille d’une victoire.Les partis espèrent-ils réellement aujourd’hui se réapproprier nos luttes en isolant la dimension écologique alors qu’elles se sont construites de pratiques et de convictions indissociables : anticapitalistes, féministes, communalistes, « do it yourself » et bien d’autres ?
Aux Lentillères nous n’avons besoin ni de programme ni de promesse pour construire notre avenir. C’est pourquoi nous réaffirmons : – Que notre pensée de l’écologie ne sera jamais séparée d’un processus collectif, de l’inclusion des plus précaires, et de la prise en compte de multiples questionnements sur les différentes formes d’oppression. – Que la préservation des terres ne passe pas par leur mise sous cloche, mais par une mise en relation réfléchie de l’habitation, de l’agriculture et de la biodiversité. L’habitation fait partie intégrante de l’histoire, du présent et du futur du Quartier. Il doit rester habité, de manières multiples et réfléchies collectivement. – Que seule l’élaboration collective entre les usager·es d’un territoire permet de prendre soin à la fois de la terre et de ses habitant·es. Nous refusons que le Quartier soit morcelé à travers des baux individuels. Nous ne sommes pas opposé·es par principe à toute forme de régularisation, à partir du moment où elle permettra de penser le Quartier comme une seule entité, dont les usages fonctionnent ensemble et s’enrichissent mutuellement. – Que nous voulons que cette possibilité concrète de soigner collectivement un territoire soit inscrite dans le PLUi à travers une forme nouvelle : la Zone d’Écologies Communales (ZEC). Cette zone permettra de penser ensemble l’habitat, le travail de la terre, et la préservation des espaces, à travers des formes d’habitat léger, d’agriculture respectueuse et d’attention poussée aux non-humains. Le soin de cette zone sera confié à ses usager·es à travers des assemblées horizontales.
Il y a 10 ans le combat contre l’artificialisation des terres aux Lentillères et ailleurs peinait à trouver de l’écho. Parions que demain, celui que nous menons simultanément pour plus de solidarité et de communs, sera une évidence. L’écologie sera communale ou ne sera pas.
Par ailleurs, l’abandon du projet aux Lentillères ne saurait permettre aux décideurs de justifier la bétonnisation d’autres terres. Nous soutenons toutes les initiatives qui visent à empêcher la destruction des terres agricoles, nous vous invitons donc à nous rejoindre au sein de la coalition du Cri des Terres, pour se lier face aux logiques destructrices de la métropole dijonnaise.
Enfin, nous réaffirmons que nous soutenons toutes les formes de résistance qui arrachent la politique à la représentation et aux comptages des urnes pour en faire une matière vivante, faite de débat et de conflit, d’entraide et de solidarité, d’occupation de rue et de mise en grève.
Nos solidarités seront notre force. L’assemblée du Quartier libre des Lentillères
Posted inNon class|Comments Off on Lettre ouverte des Lentillères en ces temps électoraux (et viraux…)
Le quartier libre des Lentillères est né d’une manifestation fourche en main en 2010, à Dijon, à l’issue de laquelle une centaine de personnes a défriché puis cultivé un première parcelle sur un ensemble de terres fertiles et de maisonsabandonnées, menacées par un projet d‘urbanisation.
En 10 ans ce premier potager à grandi pour devenir quartier. D’années en année ce petit bout de campagne au cœur de la ville, derniers vestiges de l’ancienne ceinture verte de Dijon, s’est re-mué en lieu de maraîchage, d’habitation, d’auto-construction, de bouillonements sociaux et de fêtes fièvreuses, d’accueil d’exilés et d’engagements sur la ville. Du printemps 2010 au printemps 2020, face aux coups de tractopelles, de matraques, de karshers, aux fausses concertations publiques et aux faux-semblants de la vitrine verte municipale, les lentillères ont résisté.
Le 25 novembre dernier, la mairie annonçait -enfin – l’abandon de la phase 2 du projet de bétonisation de ces terres maraichères, tout en menaçant de tri et d’expulsion celles et ceux qui sont parvenus à les défendre.Le quartier libre doit donc continuer aujourd’hui à se battre pour maintenir ce qu’il a construit de singulier sur ce triangle de 9 hectares.
Dans cet espace aussi bio-diversifié qu’hétéroclite, on continue à croire en l’auto-gestion des communs par les habitant.e.s et usagers directs -et non par le marché où par les pouvoirs lointains et imposés. On y invente des manières de s’organiser collectivement en lien avec le reste du vivant.
Depuis l’occupation, chaque année, de grandes fêtes ont lieu pour l’arrivée du printemps et celle de l’automne. Cette année, la fête de printemps du quartier libre des Lentillères célèbre 10 années de lutte, une victoire partielle et un tas de désirs concrètement fous pour la suite ! La fête de printemps sera un aussi un moment de mobilisation pour affirmer à plein que l’avenir du quartier doit bel et bien être inventé par ces usager.e.s et que les menaces et projets parachutés doivent cesser.
Dès le week-end du 3 et 4 avril,les lentillères se déploieront dans d’autres parcs et quartiers de la ville pour discuter des initiatives de contestation des politiques urbaines actuelles, en s’appuyant, comme point de départ, sur l’expérience des Lentillères. Et d’en comprendre la signification profonde comme expression générale d’un mouvement de remise en cause de la politique représentative.
Du vendredi 10 avril au lundi 13 avril, tout le quartier se transforme pour accueillir des concerts, ateliers, spectacles, expositions, balades. Nous y retrouverons un tas de groupes et collectifs qui nous ont remué et mis en transe dans la dernière décennie. On espère y boire un coup aussi avec tous les ami.e.s qui ont accompagné cette histoire et modelé ce territoire, en y habitant un moment, en y cultivant un bout de jardin, en venant régulièrement se mêler au quartier depuis d’autres contrées…
Le Samedi 11 avril, la fête s’exporte en centre-ville le temps du « Carnaval sauvage des lentillères » déambulant dans les rues dijonnaises. Avec ses hakas, dérives, danses, masques, chars etses passions d’exister, le carnaval nous projettera vers une nouvelle décennie de luttes pour perpétuer la défense du quartier libre.
Puisqu’il n’y a pas de bon carnaval sans bons déguisements, on vous invite à vous lancer dès maintenant : il y aura un cortège paysan avec ses traditionelles fourches et bêches, un bande de renard fauve et d’animaux des friches, et une cohorte de costumes végétaux et d‘êtres recyclés.
Il est possible de venir aider à la préparation des chars et costumes, ainsi qu’à l’installation de la fête pendant toute la semaine précédente.
Si vous venez d’ailleurs que dijon pour la semaine ou juste pour la fête et avez des besoins de couchage, prenez une tente et envoyez un petit mail à lenti10ans@riseup.netpour qu’on estime au mieux les besoins.
– 17h00 : « Dixtorsion » Spectacle de danse collaborative, performance en mouvement
– 19h00 : Tout Bleu – nappes et transe incantatoire –(Genève)
– 20h30 : Cabaret d’anniversaire des Lentillères – retour en histoires, chansons, blagues, poésies sur 10 ans d’occupations du quartier.
– 22h00 : Hyperculte – Duo kraut-pop post-disco (Genève)
– 23h30 : Lovataraxxx – Cold Wave (Grenoble)
– 01h00 : Badbad – Dark Techno Wave Dancefloor (Paris)
SAMEDI 11 AVRIL
### 14h00 : Carnaval sauvage des lentillères(voir plus haut) – départ à 14h des lentillères. Tout le monde est là ! déguisé.e.s ! ###
– 19h00 : « Nous les oiseaux » par la compagnie Les Fugaces – Théâtre – Road trip pour un soulèvement poétique – Adaptation libe du roman de Lola Lafon « Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce »
– 19h30 : Flo Mekouyenski – Petites Chansons Sauvages et autres facéties (synthétienne)
– 20h30 : Chafouin – Noise Rock Expressioniste – (Cévennes)
– 21h45 : Avatch – Satires et bal de 12 (Aveyron)
– 23h00 : Portron Portron Lopez – Rock sur ressorts (Aveyron / Limousin)
– 00h30 : Binamé – Transes collectives disco-punk et révolutionnaires depuis plus de 30 ans (Belgique)
– 01h30 : Plagiat – [t]rap in opposition (Le Mans)
– 02h00 : Panaché de DJs : mixx d’un monde par une loutre, 13 dec crew (hiphop – dijon), dj saman (tutti frutti – dijon) , dj lo (musique à scotcher – marseille)
DIMANCHE 12 AVRIL
– 14h00 : Projet D, Part I –spectacle de marionnettes
– 15h30 : Atelier Rap des Lentillères
– 16h00 : balade historique friche
– 16h30 : Projet D, Part II – spectacle de marionnettes
– 18h00 : « La Bonne Colère » – Cie La Stoccata – théâtre
– 19h00 : « Ni Gueux, Ni Maître », Théâtre forain déjanté et hommage à léon Tolstoï, Cie des Arracheurs de Dents – (rennes-creuse)
– 1H30 : Blada – Electro-trad maghreb et Moyen-Orient.
– 02h00 : Raymonde (live electro – lyon france) Souk6tem high-fi (nantes) et panaché de homes DJs tanneries et lentillères: dj ranium, dj seb potcole et dj lu
En continu de 14h00 à 18h00 :
– Cie La Méandre avec le spectacle en caravane « On boira toute l’eau du ciel »
– « Les lectures zelectroniques« – Détachement International du Muerto Coco – Poésie contemporaine / théatre / musique
LUNDI 13 AVRIL
– 15h00 :Balade historique Lentillères
– 16h00 : The Magic Mitchell and Armandino afternoon show –cartes transformistes et accordéon savant (wild west)
– 18h00 : Cie Qualité Street – Spectacle « La Beauté du Monde »
– 19h00 : lv2 – danse avec les loops(paris)
– 20h00 : Tôle Froide – lo-fi riot girl pop punk band (lyon / Saint-Etienne)
– Cie La Méandre avec le spectacle en caravane « On boira toute l’eau du ciel ».
+ Lupus in Fabula par le Projet D et Bonhomme par la compagnie Raffut
et aussi sur tout le week-end : une radio pirate belge, des expos, des éditions indépendantes, un coin boum permanente, un camping pour les personnes venues de plus loin….
Rassemblement devant Dijon Metropole, Avenue du Drapeau, le Vendredi 7 février 2020 à 14h.
Le 25 novembre 2019, au terme de presque 10 années de lutte de la part des usagèr.e.s du Quartier Libre des Lentilleres et de leurs soutiens, le Maire annoncait l’abandon de la phase 2 du projet d’éco-quartier et interdisait l’urbanisation de ces précieuses terres maraîchères occupées.Le 19 décembre dernier, la métropole votait le nouveau PLUI-HD dans lequel le Quartier Libre des Lentillères reste pour l’instant classé comme Zone A Urbaniser (ZAU). Ceci laisse la possibilité d’un retour en arrière. Rien ne garantit qu’un nouveau projet de bétonisation ne soit, un jour, relancé.
Dijon-Métropole se vante de participer à la préservation des terres agricoles et d’espaces « hybrides » (ni ville, ni campagne). Mais comment pourrait-on croire en ces déclarations d’intentions et confier l’avenir de ces terres à une municipalité qui les a menacées pendant 10 années et menace toujours d’en urbaniser d’autres en périphérie de la ville ? Si ce site de biodiversité et de pratiques d’écologies sociales existe encore aujourd’hui c’est parce que le Quartier Libre des Lentillères a su le préserver, en prendre soin et le défendre contre les logiques d’aménagement.Nous y avons réinventé de nouvelles formes d’habiter la ville, et d’y cultiver les terres avec toujours le souci de préserver un lien étroit avec notre environnement. Le PLUI tel qu’il est actuellement rédigé n’intègre pas cet existant.De plus, aucune forme actuelle du PLUI ne reconnait l’entremêlement des usages qui caractérise désormais ce territoire : jardinage et maraîchage, activités culturelles et sociales, habitat, réserve de biodiversité,…
Pour ces deux raisons nous déposons un recours à l’encontre du document de planification auprès du Tribunal Administratif de Dijon le vendredi 7 février. Cette hétérogénéité d’usages reliés pourrait se voir mise en danger demain par un zonage uniformisant. Nous exigeons donc que les menaces sur ces terres et ses usagèr.e.s soient formellement levées, c’est à dire
d’acter l’abandon de la phase 2 du projet d’éco-quartier,
de déclasser le zonage attribué à ce Quartier,
de prendre en considération l’existant qui s’invente et se construit quotidiennement depuis 10 ans sur ce territoire auquel sont lié.es de nombreux.ses dijonnais.e.s.
Pour préserver les usages et les formes d’organisation collective propres au Quartier Libre des Lentillères, le droit doit se réinventer afin d’être à la hauteur des enjeux de notre époque.
Nous nous inscrivons dans un mouvement plus large qui propose d’autres manières d’habiter les territoires.
Parallèlement au dépôt de ce recours nous travaillons à l’élaboration d’une nouvelle proposition dont nous soumettrons les grandes lignes lors du rassemblement qui nous mènera devant le tribunal administratif.
Rassemblement devant Dijon Metropole, Avenue du Drapeau, le Vendredi 7 février 2020 à 14h.
Posted inNon class|Comments Off on [07/01] LES LENTILLERES ATTAQUE LE PLUI
Après le récent abandon par la mairie de Dijon du projet d’artificialisation des terres du quartier libre des Lentillères, 150 auteur.es, chercheur.euse.s, réalisateur.trice.s, architectes, comédien.ne.s énoncent les raisons de leur opposition aux menaces de normalisation de cet espace d’expérimentation.
Depuis
une certaine attention aux enjeux écologiques, sociaux et
démocratiques, nous sommes impliqués dans la préservation et la
construction des (biens) communs, et en cela solidaires de la lutte
du Quartier Libre des Lentillères. Nous nous réjouissons en ce sens
de la récente
décision
municipale d’abandonner la phase 2 du projet d’éco-quartier qui
menaçait d’urbaniser les dernières grandes parcelles de terres
nourricières à l’intérieur de la ville de Dijon. Mais nous
saluons surtout la ténacité et l’inventivité des militant·es
et habitant·es
impliqué·es
dans cette lutte pour avoir, depuis dix ans, pris soin de ces 9 ha
délaissés à leur arrivée. Elles
et ils
se sont attaché·es
à les remettre en culture tout en y préservant la diversité de la
flore et de la faune, y compris en prenant soin de maintenir certains
espaces non jardinés. Elles
et ils
y ont aussi fait revivre un quartier en auto-gestion, solidaire des
mouvements sociaux émancipateurs et des exilé·es,
ouvert sur le reste de la ville et bien au-delà. Elles
et ils y ont
développé
de multiples initiatives, maraîchères,
festives, culturelles, des liens tenaces et la réappropriation de
savoirs et de savoir-faire….Nous
aimons
la détermination
bâtisseuse qui a permis la restauration des bâtis anciens,
l’expérimentation d’auto-constructions de terre et de pailles ou
encore l’apparition d’un amphithéâtre ou d’un bateau
pirate… 10 ans d’un certains bouillonnement joyeux en ont fait un
lieu de maraîchage, de vie mais aussi de flâneries fantasques fort
apprécié de bien des dijonnais·es.
L’abandon
du projet d’urbanisme,
première victoire offerte par l’occupation sans droit ni titre du
quartier, n’est pas seulement la victoire pour la préservation d’un
« espace vert ». C’est la victoire d’une certaine idée
de la ville et de la façon de l’habiter. C’est la victoire d’une
certaine vision de l’écologie politique, non inféodée aux
impératifs de l’industrialisation et de la métropolisation. Comme
cela a déjà été le cas l’an dernier avec l’abandon du projet
d’aéroport sur le bocage de Notre-Dame-des-Landes, c’est la
victoire d’une alliance vertueuse entre lutte acharnée
et
expérimentation concrète.
Nous laissons à M. Rebsmanen, maire de Dijon, le soin d’écrire sa propre version de l’histoire, en affirmant « Je n’avais rien dit car je ne voulais pas faire plaisir aux anar, mais je l’avais prévu depuis le début ». L’histoire sociale nous a appris qu’il n’est pas d’acquis sur le plan démocratique, social ou écologique sans mobilisations collectives. Ici comme dans de nombreux autres endroits, les populations doivent lutter contre la surdité des élites, les caprices de certains élus et les processus d’invisibilisation de celles et ceux qui font véritablement vivre un territoire.
Sortir des pensées verticales, défendre l’art d’habiter des lieux
Alors
que la municipalité avait décidé de ne rien changer dans la
révision du « Plan Local d’Urbanisme Intercommunal Habitat
et Déplacements » (PLUI-HD) concernant la phase 2 de
l’éco-cité « jardin des maraîchers »
– notons
au passage, le processus marketing pervers qui consiste à se servir
des attributs positifs d’un passé que l’on a contribué à faire
disparaître –
et qu’elle répondait par la négative aux demandes d’abandon
exprimées lors de l’enquête publique, le Maire de Dijon est
revenu in-extremis sur cette position. Il a ainsi validé dans une
déclaration à la presse une partie de ce que demandait depuis 10
ans le collectif des Lentillères. Cette volte-face nous invite à
exercer notre esprit critique et à rester dubitatif vis-à-vis des
arguments, économiques et juridiques notamment, mobilisés pour
justifier une possible expulsion des habitant·es
du quartier dans les mois à venir. Nous déplorons en effet qu’en
même temps qu’il reconnaît la justesse de leur combat, donnant
raison à 10 ans de
combat et d’enracinement,
le maire de Dijon affirme qu’il pourrait dorénavant évacuer par
la force les militant·es
et les habitant·es
qui ont fait renaître et vivre ce quartier.
Refuser
de reconnaître que la chose publique peut aussi se construire en
dehors des cases trop étroites des politiques publiques et de leur
encadrement réglementaire, c’est oublier que la vitalité et la
résilience de la démocratie ne se réduit pas à la sphère de la
représentation ni même à celle de la participation encadrée.
L’existence du Quartier est une singularité précieuse qui attire
de nombreu·ses
sympathisant·es,
curieu·ses,
qui répond à de multiples aspirations locales et inspire des
regards venus d’ailleurs.
Le
Quartier libre des Lentillères doit continuer d’exister car il est
l’antithèse de grands projets inutiles et imposés, à l’image
de la nouvelle stratégie agro-alimentaire de Dijon Métropole
baptisée « Système alimentaire durable de 2030 ». Imaginée
pour répondre à l’Appel
à manifestation d’intérêt « Territoires d’Innovation –
Grande Ambition » (TIGA)
lancé
par l’État. La métropole y voit en toute modestie «
un
projet original qui la place parmi les références françaises en
matière d’agroécologie ».
En fait de référence agroécologique, ce projet est surtout
l’occasion pour plusieurs poids-lourds de l’agro-alimentaire qui
en sont partenaires, de construire une nouvelle filière économique
particulièrement lucrative.
Dijon
Céréale, Seb, Orange,… mais aussi des réseaux comme le Food Use
Tech ou Vitagora pourront ainsi continuer à entretenir leur position
dominante en toute tranquillité au prétexte d’assurer une
soi-disante « autonomie alimentaire » aux habitants. Mais
nous n’avons aucunement besoin d’un TIGA et de ses acteurs
dominants pour reprendre le contrôle de notre alimentation, pour
prendre soin de la terre, pour accompagner le retour des paysans et
partager nos ressources. Comme de nombreuses autres alternatives
territoriales, le Quartier libre
des Lentillères démontre qu’il est possible de s’inscrire hors
d’une verticalité vertigineuse du pouvoir pour privilégier la
gestion collective des biens communs, que sont en premier lieu les
sols nourriciers et la biodiversité. Il
offre la possibilité de concevoir de nouvelles formes d’interaction
avec le vivant, y compris à partir de l’espace urbain.
Contre les menaces de« normalisation », soutenir les expérimentations collectives
Que
le maire s’efforce
de détruire demain 10 années de constructions collectives sur le
quartier des Lentillères sous les auspices de la république comme
le gouvernement a
cherché l’an dernier à se venger de son renoncement sur la ZAD de
Notre-dame-des-Landes ne serait pas seulement une nouvelle
démonstration de la violence d’État. Ce serait déclarer de
nouveau la guerre
à tout un mouvement émergeant et hétérogène, puissant et
créatif, qui a décidé de reprendre la main face à l’impuissance
politique et au diktat économique. Vouloir « normaliser
la zone », et tenter de faire rentrer dans un zonage unique ce
quartier où se mêlent des expériences maraîchères, écologiques,
d’échanges non marchands, d’auto-gestion et de solidarité,
reviendrait à se priver de savoirs et savoir-faire riches au moment
même où la crise climatique, écologique et sociale nous invite à
changer radicalement de modèle et à explorer de nouvelles voies.
Nous demandons en conséquence que l’avenir du Quartier libre Lentillères soit confié aux habitant·es et militant·es qui l’ont construit. Nous appelons les responsables politiques à faire preuve de courage, d’imagination juridique et d’ouverture aux attentes de leurs administré·es en reconnaissant aux habitant·es le droit d’habiter les lieux où ils et elles vivent et qu’ils et elles font vivre. Nous leur demandons de se mettre au diapason des règles d’usages imbriqués que ceux-ci parviennent à élaborer au quotidien. Nous affirmons notre solidarité active pour ce nouveau grand chantier de réflexion collective qui s’ouvre sur l’avenir du Quartier libre des Lentillères.
Premier.e.s signataires de l’appel des Lentillères
Yannick Sencébé, sociologue, Dijon François Jarrige, Historien, Université de Bourgogne, Dijon Léo Coutellec, Philosophe des sciences, Paris Antoine Lagneau, enseignant vacataire Alice Le Roy, journaliste et enseignante Adrien Normand, Chimiste Université de Bourgogne-CNRS, Dijon Jean-Louis Tornatore, Anthropologue, Université de Bourgogne, Dijon Sarah Vanuxem, juriste, Université de Nice, Nice Josep Rafanell i Orra, philosophe et psychothérapeute, Paris Isabelle Stengers, philosophe, Bruxelles Serge Gutwirth, juriste, Belgique Barbara Glowczewski, anthropologue, CNRS Johan Badour , édition Divergences Marie Menant, architecte et doctorante, Belgique Serge Quadruppani, écrivain, traducteur Jérôme Baschet, historien Rémy Toulouse, édition La découverte Jean Rochard, producteur de musique Nicolas Flesch, auteur-acteur. Chloé Kazemzadegan, travailleuse du spectacle Pascal Bernier comédien Yves Pagès, écrivain & éditeur (Verticales) Simon Le Roulley, sociologue Sophie Gosselin, philosophe, revue Terrestres David gé Bartoli, philosophe Fabrice Flipo, philosophe, Paris Alessandro Pignocchi, auteur de bande dessinée Philippe Descola, anthropologue Alain Damasio, romancier Fanny Ehl, doctorante designer Sylvaine Bulle, sociologue Elsa Brès, artiste Mathilde Girard, psychanalyste philosophe, Paris Laura Mehtali , doctorante en géographie, Nantes Christophe Laurens, architecte Anne de Galzain, réalisatrice, 02 Château-Thierry Gilles Clément, paysagiste, Paris Patrick Bouchain, architecte, Paris Jean-Philippe Pierron, philosophe, Dijon Nastassja Martin, anthropologue Bruno Latour, sociologue Christine Thépénier, orga Bobines Rebelles dans les Alpes, 05110 Esparron Dominique Bourg, philosophe, Lausanne Miguel Benasayag, philosophe et psychanalyste, Paris Vincent Bourdeau, Enseignant-Chercheur en philosophie, Université de Besançon, Besançon Caroline Darroux, ethnologue, MPOB, Anost Noël Barbe, anthropologue , IIAC Flavie Ailhaud, ethnologue Noé le Blanc, enseignant Stéphane Gacon, Historien, Université de Bourgogne, Dijon Christophe Bonneuil, historien, Cnrs Nathalie Quintane, autrice Corinne Morel Darleux, autrice Jeanne Susin, musicienne Alessandro Stella historien (CNRS-EHESS) François Thoreau, sociologue, université de Liège Francesco Pastacaldi, musicien Luisa Homem, cinéaste Aki Kaurismäki, cinéaste, Finland Félix Rehm, cinéaste et monteur, Paris François Olislaeger, auteur de BD Amandine Guilbert et Rémi Eliçabe, les éditions des mondes à faire Guillaume Faburel, Géographe, Lyon Vincent Balland, doctorant en histoire, Dijon Hélène Tordjman, économiste, Paris Fabian Lévêque, doctorant en études urbaines, Lyon 2 Sonja Kellenberger, Sociologue, Dijon Pierre Bitoun, sociologue, co-auteur du livre « Le sacrifice des paysans » Fanny Chrétien, Enseignante chercheure en Sciences de l’éducation et de la formation, Dijon Thomas Bouchet, Historien, université de Lausanne Lucie Dupré, anthropologue, INRA Aurélie Dumain, sociologue, CMW, Lyon. Cécile Gazo, doctorante en sociologie, Toulouse Damien Marage, géographe, Dijon Jeremy Sauvineau, doctorant en sociologie, Dijon Béatrice Dégrange, chargée d’ingénierie de formation, AgroSup Dijon Claire Masson, sciences de l’éducation, Dijon Alexis Zimmer, historien, CNRS-EHESS Jean Baptiste Vidalou, auteur Maële Giard, géographe, Lyon Mathilde Girault, études urbaines, Monts du Lyonnais Elie Rivière, ingénieur et éco-habitant, Monts du Lyonnais Mathilde Grandjean, doctorante en droit public, Dijon Dominique Guidoni-Stoltz, Enseignante chercheure en Sciences de l’éducation et de la formation, Dijon Kaduna-Eve Demailly, géographe (MCF), Paris Jérôme Boissonade, maitre de conférences (sociologie)enseignements, université du littoral côte d’opale (ulco) Élisabeth Peyroux, géographe chargée de recherche (cr1) Flaminia Paddeu, géographe, Paris 13 Tibo Labat, Artiste-architecte, Nantes Chloé Merlin, docteur en Écologie Microbienne Romain Ozanne Pierre Carniaux, réalisateur, Paris Olivier Cheval, critique, cinéaste Lorraine Druon, artiste Peggy Cenac, Mathématicienne, Université de Bourgogne, Dijon Gaëlle Boucand, cinéaste Lucie Lerbet, doctorante, Lyon Viviana Méndez Moya, artiste plasticienne Mario Brenta, cinéaste/enseignant Université de Padoue Raphaël Nieuwjaer, critique de cinéma Gerard Watkins auteur acteur metteur en scène Jonas Cervantes, diplômé d’architecture, Nantes Daniel Kupferstein, réalisateur. Maxime Martinot, réalisateur Valérie Osouf, documentariste Maximiliano de la Puente, rechercher et réalisateur Alain Raoust, Cinéaste, professeur associé université Paris 8 Vincennes à Saint-Denis Raquel Schefer, chercheuse et réalisatrice Jacopo Rasmi, chercheur et enseignant Louise Chennevière, ecrivaine David-Marie Vailhé, urbaniste Sophie Wahnich, historienne, CNRS, Paris Valerie Massadian, cineaste Antoine Granier, vidéaste, cinéaste Lorenzo Bianchi, réalisateur, producteur, Paris Gaëlle Obiégly, écrivaine Catherine Libert, cinéaste, Paris Boris Nicot realisateur Jean Pierre Duret, ingénieur du son, réalisateur documentaire Léa Gasquet, journaliste, Paris Yves Citton, enseignant de littérature, Université Paris 8 Mathias Rollot, enseignant-chercheur en architecture Thierry Paquot, Philosophe Jean Baptiste Bahers, Chargé de recherche CNRS, Université de Nantes Geneviève Azam, économiste Laura Mehtali, doctorante en sociologie Claire Mélot, architecte, doctorante en philosophie Jules Valeur, ingénieur du son Franssou Prenant cinéaste Alice de Lencquesaing, comédienne, Paris Clément Schneider, cinéaste Fabien Bidaut, artiste, architecte Camille Degeye, réalisatrice, Paris Jean-Robert Viallet, journaliste, auteur, cinéaste Philippe Corcuff, maître de conférences de science politique à Sciences Po Lyon François Nobécourt, directeur de la photographie, Mexico Caroline Dubois, écrivain Thomas Le Gouge, philosophe, historien de l’art, Paris Charlotte Thevenet, enseignante, chercheuse, Paris Juliette Bayer-Broc, programmatrice, cinéaste, Marseille Aurélien Gabriel Cohen, doctorant en philosophie et géographie, Université Paris 7 / MNHN Luc Chessel, critique de cinéma et acteur Frédéric Neyrat, philosophe Martine Markovits, programmatrice, Paris Paul Citron, urbaniste Yaël André, cinéaste Clémentine Roy, artiste Sophie Bruneau, cinéaste Maxime Combes, économiste Emilie Hache, philosophe, Université Paris Nanterre David Graeber, anthropologue, London School of Economics and Political Science Yannick Haenel, écrivain
Posted inNon class|Comments Off on Tribune – Il faut laisser vivre le Quartier libre des Lentillères à Dijon !
Vendredi soir, François Rebsamen annonçait ses vœux au Zénith à près
de 2000 dijonnais·e·s venu·e·s assister à la grand messe de l’année, qui
prend tout son sens dans un contexte électoral. Les Lentillères ont
devancé son annonce, envoyant une petite délégation, débarrassée de ses
bottes et vêtue de ses plus jolies escarpins pour l’occasion, qui a
accueilli elle-même tou·te·s ces dijonnais·e·s à l’intérieur du zénith
avec un message de bonne année et un petit papier (glacé pour
l’occasion).
Le recto…
… et le verso
Posted inNon class|Comments Off on Pour les voeux, les Lentillères devancent Rebsamen !
Il y
a quelques semaines, la mairie annonçait l’abandon de la phase 2 de
« l’Éco-cité des Maraîchers ».
Depuis, elle
annonce la possibilité d’une régularisation des seules activités
maraîchères et potagères, sur la base de contrats individuels ou
associatifs, à travers un « appel à projet ».
Cela fait maintenant dix ans que nous soignons et faisons vivre le Quartier Libre des Lentillères, soit 12 hectares désormais sauvés de la bétonisation. Nous y sommes lié.e.s. Viscéralement. Personne
ne connaît mieux ce Quartier que nous.
Sa
richesse vient en grande partie du fait que les activités
maraîchères et potagères sont entremêlées à bien d’autres
activités tant pratiques et culturelles que sociales. Voilà le
projet que nous continuons à construire jour après jour : celui
d’un Quartier qui réfléchit collectivement aux différents usages
d’un même territoire.
C’est
pourquoi il est inconcevable à nos yeux que le Quartier soit morcelé
pour être attribué à des personnes ou des associations qui
auraient opportunément mis leurs noms dans un registre, ou déposé
un dossier de projet hors-sol.
Le maire de Dijon dit aujourd’hui que l’illégalité de notre présence doit cesser. En vérité, cela ne tient qu’à lui.
Nous
n’avons pas d’opposition de principe quant à une forme de
régularisation. Il n’est pas question de cela mais du respect de
ce que nous avons construit : une vie collective qui prenne soin
du territoire et des relations, qui entremêle les différents usages
possibles d’un espace, qui laisse la place à la réflexion commune
et à l’invention.
Des
formes de délégation collective existent en partie, des cadres
juridiques restent à inventer. En effet, nous savons qu’il existe
des lieux où la loi s’incline face à la légitimité et se
réinvente lorsqu’une lutte s’avère victorieuse. Cette invention
ne se fera pas sans nous. Elle demandera par ailleurs de la
créativité et du courage politique.
Nous
démarrons un grand chantier de réflexion collective autour de
l’avenir du quartier. L’abandon de l’écoquartier signe pour nous la
fin d’une phase de menace, et nous voulons repenser nos projets sur
ces terres au regard de cette pérennité nouvelle, avec toutes les
personnes qui nous soutiennent.
Nous rendrons public le résultat de nos réflexions au printemps.
Quels
que soient les terrains de bataille, nous ne cesserons jamais de
défendre le Quartier Libre des Lentillères.
Nous
réaffirmons qu’aucune institution extérieure ne peut soigner ce
territoire comme nous l’avons fait jusqu’à présent et comme nous
continuerons à le faire.
L’Assemblée du Quartier Libre des Lentillères, jardinier.e.s ou pas, habitant.e.s ou pas, anarchistes ou pas, gaillard.e.s ou pas. Riche de ses soutiens divers et nombreux.
Posted inNon class|Comments Off on On la joue collectif ! – COMMUNIQUÉ
Le maire de Dijon a annoncé lundi 25 novembre que les Lentillères
allaient être interdites à l’urbanisation. Le projet
d’éco-quartier contre lequel nous luttons depuis 10 ans ne verra
donc jamais le jour !
C’est une première victoire contre l’urbanisation mortifère
de Dijon, et nous l’avons célébré lundi soir sous les fenêtres
du conseil municipal.
Mais
le maire
annonce aussi qu’il va
« demander
l’évacuation de tous ceux qui occupent de manière illégale ce
terrain » en précisant que « pourront y faire des
jardins partagés ou des maraîchages urbains ceux qui s’inscriront
pour avoir un bail ». Plus tard, il osera compléter :« Je
ne l’avais pas dit parce que je ne voulais pas faire plaisir aux
anar’, mais je l’avais prévu depuis le début. »
C’est donc pour ne pas faire plaisir aux anar’ qu’il a
répété pendant toutes ces années que le projet se ferait…
Il n’a de toute façon pas peur de la contradiction, en menaçant
d’évacuer les gens à qui il vient de donner raison. Ces terres
seraient bétonnées depuis bien longtemps par Dijon Métropole si
elles n’avaient pas été occupées illégalement.
Cette illégalité reste un précieux moyen de résistance, à
l’heure où le PLUI continue de dessiner une urbanisation
asphyxiante, projetant encore de détruire des centaines d’hectares
de terres agricoles dans et autour de la ville, tout en densifiant
l’agglomération.
De notre côté, nous n’avons jamais attendu que l’écologie
devienne un enjeu électoral pour réinventer notre rapport à la
terre et au territoire. Depuis 10 ans, nous construisons concrètement
dans ce quartier libre et autogéré l’autonomie alimentaire dont
se flattent les élus.
Une nouvelle phase de la lutte pour sa préservation s’ouvre. Le
Quartier Libre des Lentillères vivra avec tout ce qui s’y
construit : son agriculture hors norme et collective, ses fêtes
incroyables, ses habitations qui permettent à une centaine de
personnes de prendre soin de cet endroit au quotidien, sa qualité de
refuge pour les exilé·es, sa réinvention collective d’une vie de
quartier,…
Il y a deux ans, nous nous sommes mis·es d’accord sur une
« boussole » de 6 points qui nous permettraient de ne pas
perdre le nord. Nous les réaffirmons aujourd’hui avec force :
– Terre, territoire, maraîchage : Depuis 2010, nous
préservons ces terres. Des projets naissent au fil des saisons, des
envies et des rencontres, nous continuerons de les cultiver de
manière multiples et hors norme.
– Habitat, constructions, communs, commune : Le
Quartier Libre des Lentillères est un quartier à part entière,
habité aujourd’hui par une centaine de personnes. Ces terres sont
intégralement liées à la vie qui s’y est inventé, leur
préservation exige qu’elles restent habitées, travaillées et
partagées.
– Autonomie politique et diversité : L’assemblée
du Quartier est l’expression de notre autonomie politique. C’est
le lien privilégié de notre élaboration collective. Notre « nous »
exprime des différences infinies et irréductibles, tenues par une
éthique commune, subordonnées à aucune institution.
– Économie : Nous refusons que l’économie
marchande capitaliste détermine nos liens, nos projets, nos idées.
Nous ne sacrifierons pas le sens de ce que nous construisons en le
soumettant à ses exigences.
– Éthique et toc : Nous ne voulons pas faire de la
politique une sphère séparée de nos vies quotidiennes. Nous
voulons que les luttes contre le sexisme, la transphobie,
l’homophobie, le racisme et tout autre oppressions systémiques
s’inscrivent dans nos faits et gestes en tentant de faire obstacle
et d’agir contre tout comportements les perpétuant.
– Liens : Nous ne voulons pas faire des Lentillères
un lieu où il ferait juste bon vivre dans un entre-soi. Nous sommes
fièr·es des liens de soutien et d’amitié que nous tissons. Nous
savons aussi que nous ne faisons pas l’unanimité. Nous
continuerons à en prendre le risque et à lutter aux côtés de
toutes celles et ceux qui se soulèvent pour leur libération et
celle de la terre.