Une horde d’individus incontrôlables ! Ah bon ?Suite aux déclarations de Thierry Coursin à France 3 Bourgogne et au Bien Public, il nous semble nécessaire de rétablir quelques contre vérités.
En effet, la version livrée par le directeur de la SPLAAD, absent lors des faits – rappelons-le, est quelque peu embarassante. Prompt à invoquer le fantasme de violents « anarcho-libertaires », il fait ainsi l’impasse sur l’action des vigiles extrêmement agressifs, et ce, dès les premiers instants du rassemblement.
Hier matin les personnes les plus « déterminées à en découdre » étaient bel et bien les agents de sécurité. Alors que l’ambiance était bon enfant, ceux-ci ont aspergé de gaz lacrymogènes des manifestants, évaluant que l’agent ErDF, venu couper l’arrivée electrique, était menacé par des tirs… de pistolets à eau. Peut-être monsieur Coursin imagine que le cameraman de France 3, brûlé par les gaz à ce moment, était lui-même à la tête de la « bande de casseurs » qu’il dit avoir été présents sur les lieux.
Les vigiles, non satisfaits de ce premier dérapage, ont ensuite pris en chasse les jardiniers-ères et migrants rassemblés, distillant gaz, coups de matraque et insultes des plus subtiles à tout va. Ils sont ainsi intervenus sur l’espace public, en dehors de tout cadre légal (précisons que le port et l’usage de la matraque et des bombes lacrymogènes est interdite aux personnels de sécurité), agissant telle une milice privée pour le compte de la SPLAAD. En voulant faire régner leur loi, les vigiles ont oublié la taĉhe à laquelle ils étaient affectés : gardienner la maison. Ainsi abandonnée par ses biens mauvais gardiens, la maison a, de suite, été réoccupée par les manifestants désormais bien déterminés à l’habiter de nouveau.
L’habiter : mais pourquoi si elle tombe en ruines ?
Les déclarations de la SPLAAD sont d’autant plus embarassantes lorsqu’elle affirme que cette maison était vouée à la destruction car elle serait dans un « état d’insalubrité avancé ». Peut-être le luxe dans lequel vit « monsieur le directeur » de l’agence d’aménagement de la ville l’a-t-il éloigné de la réalité d’une grande majorité de la population. Cette maison bien que modeste par la taille est dans un excellent état. Une salle de bain rutilante, des parquets en bois, 3 pièces et une cuisine, un chauffage central, du double-vitrage aux fenêtres, une véranda charmante. Construite dans les années 1960, elle a été très bien entretenue. Le dernier locataire, rencontré à maintes reprises lors des semaines passées, nous a confié son grand regret de devoir déménager. Non, il ne part pas parce que les poutres tombent du plafond ou que les moississures ont envahis son espace vital. S’il a quitté les lieux, c’est bien forcé et contraint par la SPLAAD et les aménageurs qui semblent s’entêter à vouloir raser alors que le projet d’écoquartier ne se fera pas. Rappelons finalement que la maison était louée par la SPLAAD jusqu’à samedi dernier ; dans ce cas, à combien de ses citoyens la ville loue-t-elle de maisons insalubres ?
Une autre maison dans le quartier, située à quelques dizaines de mètres, risque d’être détruite. Sa locataire n’est pas partie, elle non plus, parce qu’elle le souhaitait : agée de plus de 80 ans, celle-ci y a vécu une grande partie de sa vie. Cette maison, en bon état, est gardiennée par la même entreprise de sécurité et sa brigade de choc.
Aujourd’hui, une dizaine de migrants occupe le logement réquisitionné ce lundi 21 septembre. La municipalité qui promettait la semaine dernière d’accueillir des personnes migrantes va-t-elle oser lancer une procédure d’expulsion à ceux qui ont aujourd’hui un toit ?
Jardinier-e-s et habitant-e-s du quartier des Lentillères souhaitons la bienvenue à nos nouveaux voisins et restons mobilisé-e-s à leurs côtés.