RECIT DE LA VOLTE A VELOS EN SOUTIEN A LA ZAD

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VOLTE A VELOS EN SOUTIEN A LA ZAD, samedi 16 janvier 2015 à Dijon

Dès 13h30, vélos et piétons affluent place Darcy, véritable porte d’entrée du centre ville commercialisé. Comme de coutume ces derniers mois, les forces de l’ordre sont positionnées de sorte à nous dissuader de nous engager dans cette direction. Alors que nos rangs grossissent jusqu’à atteindre les 150-200 manifestants, musique et prises de parole se relaient. Le début du rassemblement est jovial, à peine perturbé par les tentatives d’intimidation ciblées du nouveau commissaire adjoint, habillé en treillis militaire (alors que son imperméable à grande collerette dans le genre inspecteur totalement démodé avait fait l’objet de moqueries lors du rassemblement de mercredi dernier). Du côté de la police toutefois, le dispositif reste léger : trois camions de CRS et quelques représentants de la BAC qui rôdent (le ronronnement de l’hélico et la haute stature du canon à haut ont été remisés).

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Le cortège s’ébranle tranquillement, d’abord au rythme piétons, et s’engage sur un boulevard ceinturant le centre ville. Les tramways sont bloqués durablement malgré le zèle du premier conducteur, visiblement déterminé à nous rouler dessus. On entend résonner des « Non aux expulsions ! Non à l’aéroport ! » alors que la manifestation s’achemine vers la place de la République. À ce moment là nous enfourchons les vélos pour une grande partie de jeu du chat et de la souris avec les forces de l’ordre. Le cortège, interdit de centre ville, se dirige dangereusement vers la périphérie, ce qui ne rassure pas davantage la police qui s’agite frénétiquement dans les rues alentours. « Où est-ce que vous nous emmenez maintenant ? » tente un type de la BAC, mi-inquiet, mi-goguenard.

La file d’une centaine de vélos poursuit sa route vers l’est. Soudain, la voie nous est barrée alors que nous atteignons un des énormes carrefours qui précédent l’arrivée sur la rocade et les zones commerciales de Quétigny. Trois fourgons se mettent de travers, gyrophares allumés. Le chef de section jaillit tout feu tout flamme, son casque s’envole, s’écrase à terre, et roule presque jusque sous nos roues. Ne pouvant plus progresser nous décidons de faire des tours de rond-point : rituel magique ou lutte contre le froid ? La section cycliste de la police se positionne au centre du rond-point, nous leur tournons autour tels des indiens encerclant les cow-boys. L’enthousiasme nous gagne tandis que le spectacle devient de plus en plus comique. Les trajectoires des vélos s’accélèrent, deviennent aléatoires. La confusion règne pour notre plus grand plaisir. Les voitures commencent à s’accumuler aux quatre coins du carrefour obstrué. Les trois fourgons lèvent le camp, nous laissant progresser de 300 mètres supplémentaires dans la direction du périphérique.

Ils se positionnent de nouveau au rond-point suivant. Visiblement plus énervés et plus déterminés, les flics ont pourtant toujours l’air aussi désorganisés alors que nous arrivons à leur niveau. Une silhouette se détache de la foule, longue chevelure fluo, étendard en panache à l’arrière du vélo (« Lentillères Soutien ZAD »), elle s’élance sur la butte qui constitue le rond-point alors que le chef de section des CRS parvient simultanément à son sommet. Assaut solitaire, héroïque et désespéré repoussé d’un coup de bouclier. Le cycliste éjecté se rattrape in extremis dans un demi-tour aérien et se fond à nouveau dans la masse du cortège. La traînée de vélos se tasse puis s’immobilise. Un bouchon se forme encore qui bloque indirectement la rocade. Le nouveau commissaire essaye de justifier le port de son treillis en agressant l’un de nous : tentative grossière de baliser son territoire et de donner un ton nouveau à la répression des manifestations dijonnaises ? En tout cas, sa piètre répartie le condamne immédiatement à une humiliation publique.

Sans doute lassés de ce petit jeu, quoiqu’il soit un efficace moyen de lutter contre l’engourdissement, nous orientons notre route vers le sud. Sillonnant les grands boulevards des facultés nous finissons au Snack du Quartier Libre des Lentillères où nous attendent brioche maison, chocolat et vin chauds.

En fin d’après-midi le mot est lancé de se retrouver le 25 janvier à 19h dans ce même Snack-Friche, pour décider de la suite des actions en fonction du rendu du procès et des appels lancés depuis Notre-Dame-des-Landes.

(quelques membres de l’amicale Dijon-Notre Dame des Landes)

 

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