Rendez-vous avait été donné à 10h au fournil en rénovation (avant une ouverture bientôt) du côté des Petites Lentillères.
Ce samedi matin de fin novembre, sous un soleil radieux, du thé et du café chaud ainsi qu’une pâte à pizza en préparation attendaient une quarantaine de personnes de différents horizons prêtes pour joyeusement mettre en terre une centaine de fruitiers (ou les distribuer).
Comme bien souvent l’histoire avait commencé par un coup de fil d’un ami à un autre. Il s’agit cette fois-ci d’un
ami pépiniériste qui en appelait un bâtisseur. « Eh salut, je me retrouve avec sur les bras une bonne centaine de fruitiers invendus que je dois jeter, si jamais ça t’intéresse… je te les laisse, je me doute que tu en feras bonne usage ! » Détail embêtant, on est au mois d’avril, en plein confinement (le premier), et l’ami pépiniériste habite du côté d’Agen. Il faut traverser l’hexagone alors que les routes sont désertes… Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Le symbole est trop fort pour qu’on y résiste : planter des fruitiers sur les Lentillères pour l’anniversaire des 10 ans et pour les 10 prochaines années qui plus est sur une parcelle redécouverte pour l’occasion. Tout ceci pour lutter contre la bétonisation de nos espérances ! La décision est vite prise. On tente le coup !
Monter une équipe, trouver une remorque, un véhicule, etc… la remorque, OK, le véhicule GPL, OK, et pour l’itinéraire, simple, on suivra forcément les stations GPL d’autoroute. Pour assurer le coup, on fait l’acquisition d’une attestation professionnelle de vendeur-revendeur au registre du commerce en articles invendus par gros lots (cela ne s’invente pas). Le copain agenais nous envoie un bon de commande officiel en guise de laissez-passer supplémentaire. Et c’est le départ !
Le trajet aller se déroule sans encombre (les autoroutes sont quasi-vides sauf un camping-car finlandais improbable) et quelques contrôles policiers de routine déjoués grâce à l’attestation en poche.
Au retour ,vers Gevrey, des appels de phare alertent le chauffeur : la bâche commence à s’éparpiller façon puzzle signifiant que la fin est proche, plus de peur que de mal.
Arrivée au quartier, il est temps de mettre en jauge les fruitiers, jusqu’à l’automne. Le tout est organisé par une équipe de quatre personnes vaillantes, et sur une parcelle qui semblait prédestinée à accueillir les quelques milliers de radicelles des pruniers, cerisiers, pêchers, abricotiers, pommiers et autres poiriers voyageurs. En effet, elle accueillait il y a douze an un verger, délaissé depuis. Les ronces commençaient à reconquérir la zone. En face, comme un défi, un projet immobilier de trop et sa grue.
Une pelleteuse est empruntée, grâce à des renforts, des tranchées sont réalisées, des tuteurs plantés, de la paille amené par un paysan voisin arrive bien à propos pour assurer un paillage dodu tout l’été.
Les fruitiers attendent dans la remorque mais il faut faire vite. La route a été longue et il fait soif.
Heureusement du monde à répondu à la journée de travail collectif convoquée à la hâte. A la tombée de la nuit, une pépinière est née, il faudra encore une journée pour peaufiner les soins aux nouveaux résidents feuillus du quartier.
Tout l’été, un trinôme rigoureux se chargera d’arroser abondamment, et d’entretenir la pépinière. Quasiment aucune perte ne sera à déplorer.
Il s’agit de leur trouver une place en ce fameux samedi d’automne juste après la Sainte Catherine. Une invitation a donc été lancée, des flyers postés dans les boîtes aux lettres du voisinage, le bouche à oreille fait le reste. Nous nous retrouvons pour une nouvelle belle journée collective.
Après une introduction sur le programme de la journée et quelques conseils judicieux de plantation, des groupes colorés se sont constitués pour couvrir différentes zones géographiques du quartier. Pour chacun d’entre eux un petit kit composé d’un arrosoir, une brouette, et de deux pelles attendait dans la cour de la grange rose avec les derniers flocons de givre. Encore en grand groupe, les brouettes à la queue-leu-leu se sont dirigées vers le tas de fumain (fumier humain composté depuis 2 ans) afin de repartir avec une cargaison d’un amendement parfait pour booster nos fruitiers.
Puis, chaque groupe se dirige vers la pépinière pour y déplanter les arbres mis en jauge au printemps.
Quelques coups de bêche plus tard, c’est l’heure de la dispersion. Chacun.e s’en allant par un chemin sinueux repiquer les arbres. Un autre groupe se charge lui de tailler les pruniers et cerisiers plantés en février 2015 à la fin d’une manifestation partie de la place Wilson sous une banderoles « la lutte s’enracine ». Cette manif avait mobilisé nombre de CRS face à la menace que représentaient ces dizaines d’arbres et les jardinier.ères qui les brandissaient bien haut.
La pause de midi arrive à grands pas et l’odeur des pizzas préparées par le groupe fou-fournil du quartier ramène tout le monde au point de départ de la matinée. On peut aussi y déguster une soupe à la courge qui n’avait peut être pas imaginé être consommée à quelques pas du champs où elle mûrissait il y a encore quelques jours. En face, le chantier de la phase 1 de l’écoquartier était, comme chaque WE, à l’arrêt.
Et si… il ne reprenait jamais….
« Thé, café,… et on repart ! Il reste des arbres à planter pour les plus motivé.es ».
Une équipe se reforme et c’est parti. Même ballet que le matin : brouette, fumain, arrosoir, pépinière.. et on arrive sur place, dans l’impasse de la rue amiral pierre, juste en face de la Cyprine. Les arbres morts ont été mis de côté dans ce verger qui part à l’abandon et il y a de la place pour une dizaine d’arbres. Quelques enfants et leurs parents traînent déjà par là . » L’un d’eux : « Mais attend, si je comprend bien, on est en train d’occuper une nouvelle parcelle ! » Bingo ! c’est bien ça !