Cela fait déjà 4 ans que la friche du quartier des Lentillères est
occupée. Jusqu’alors et malgré un développement croissant du nombre de
jardins et des activités, la Mairie a refusé tout échange et toute
remise en cause de son projet d’éco-quartier de 21 ha comprenant les 6
ha de terres maraîchères occupées. Les actions et initiatives de
communication se sont multipliées de notre côté pendant l’enquête
publique et la campagne électorale. Le 8 mars, une manifestation de
solidarité a rassemblé plus de 600 personnes dans une ambiance festive
et déterminée. La Mairie semble aujourd’hui prête à tenir enfin compte
de l’avis d’un nombre croissant de dijonnai-se-s attaché-e-s à ce qui se
vit et se cultive aux Lentillères. A la veille du second tour, M.
Rebsamen a en effet donné une interview à Radio campus et au Miroir Mag
dans laquelle il annonce que les 6 ha de terres occupées et cultivées
pourraient finalement être « préservés ». (voir retranscription complète
ici : https://jardindesmaraichers.
Nous nous réjouissons que l’ex et futur maire de Dijon s’accorde enfin
sur le fait que ces terres sont « bonnes », ce qu’il avait catégoriquement
nié jusqu’alors. Il est vrai qu’en les cultivant depuis bientôt 4 ans le
constat était simple à faire pour nous, de même que pour les ami-es
maraîchers nous ayant précédé-es ! [1] Le Maire avance cependant qu’il
veut mettre fin au caractère « sauvage » de l’occupation et demande à ce
que se constituent « des associations agréées, des jardins partagés et
des associations de maraîchers qui gèrent cette terre ». Dans le même
temps, il insinue que les terres ne seraient pas bien entretenues et que
les jardinier-e-s présent-e-s sur la friche ne travailleraient pas
suffisamment, ne proposant soit disant que de maigres cagettes avec « 6
tomates et 4 pommes de terre ». Nous ne le savions pas expert agronome,
ni que lui ou ses conseillers étaient venus voir si le marché était bien
achalandé ou si les récoltes étaient bonnes.
Qu’il se rassure cependant ! Association ou pas, le « quartier des
Lentillères », c’est déjà des dizaines de jardins partagés en petits
groupes, en famille, entre amis ou en grand collectif. Et de nouvelles
personnes en quête d’espaces de jardinage arrivent chaque semaine.
Depuis deux ans, le marché hebdomadaire offre les mois d’été de bons
légumes accessibles à tous et toutes, en distribution directe et à prix
libre. Les terres sont bien entretenues, et enrichies qui plus est,
alors que la mairie avait choisi de les laisser en friche puis d’y
creuser des trous béants pour empêcher qu’elles soient cultivées.
Au-delà des jardins, cette ancienne friche aujourd’hui connue à Dijon
comme le « quartier libre des lentillères », c’est aussi des espaces de
fête, de réunion, d’ auto-formation, d’accueil d’écoliers ou
d’étudiants, d’apiculture, de menuiserie, d’arts, d’ateliers, de vie et
d’habitat… ou simplement de bal(l)ades, C’est un melting pot social et
culturel, catalyseur de rencontres et de liens entre des centaines de
personnes du quartier, de Dijon ou d’ailleurs. C’est un espace collectif
et non-marchand précieux au sein d’un univers urbain toujours plus
aseptisé, sécurisé et rentable. Nous ferons en sorte que le quartier des
Lentillères conserve cette singularité.
De ce fait, les individus et collectifs qui construisent le quartier et
y cultivent n’entendent pas être remplacés par des maraîchers
professionnels ou des structures « hors-sol » parachutées par la Mairie.
Le fait que celle-ci semble envisager aujourd’hui de reformater son
projet de quartier et de préserver les 6ha de friches maraîchères peut
apparaître comme un bon signe pour tous/tes les amoureux-ses des
lentillères. Mais il ne s’agit pas, dans le même temps, de la laisser
gommer l’autonomie et la liberté singulière qui font la force de ce qui
se construit ici depuis 4 ans. Nous allons donc continuer à renforcer
l’existant, développer de nouveaux projets et assurer la pérénnité du
« quartier libre des lentillères » avec toutes celles et ceux qui le
souhaitent.
Dijon, le 17 avril 2014, depuis la rue Phillipe Guignard.
[1] Voir lettre ouverte de Jean-Pierre Koenig en réponse à Pierre
Pribetich du printemps 2013 : http://www.bienpublic.com/
La réponse en pdf ici