Une enquête publique ? On se laissera pas enfum(i)er !

Le saviez-vous ? Une enquête publique a été organisée du 1er mars au 2 avril dernier, au sujet du projet d’éco-quartier ironiquement nommé « Cité des maraîchers ». Si vous l’avez raté, ne vous inquiétez pas, il s’agissait uniquement de décider de la couleur des futurs abris à vélo (équipés de panneaux solaires, cela va de soit…).

Blague à part, la mairie nous avait habitué à une concertation plus « musclée » : refus de recevoir le Pot’Col’Le depuis son ouverture au printemps 2010, expulsion et destruction de « la Villa » en juillet 2010, show mégalomane et autoritaire de Pierre Pribetich (adjoint à l’urbanisme, ardent promoteur du projet immobilier qui nous concerne) lors d’une pseudo-réunion de concertation en octobre 2011, saccage au bulldozer des terres agricoles disponibles en mars 2012 pour empêcher l’installation du Jardin des maraîchers, etc.

On a donc été surpris de découvrir ce mode de concertation, vanté par les élus municipaux et la préfecture comme parfait outil d’expression et de prise en compte des avis des citoyen-e-s dans leur – également parfaite – démocratie. Et comme bien souvent avec ce que l’Etat et les décideurs appellent la « démocratie participative », ça nous fait bien rigoler (jaune) et, puisqu’ils nous demandent notre avis, on a juste envie de répondre qu’on se laissera pas enfum(i)er !

Bien que certain-e-s d’entre nous et des associations locales se sont tout de même déplacé-e-s pour donner leur avis sur le registre, on attend pas grand-chose de cette enquête publique. Mais pour bien marquer le coup collectivement, on est finalement allé rendre visite au commissaire enquêteur ce jeudi 28 mars, avec quelques brouettes de fumier et de paille, des banderoles, de la musique, des tracts et la récolte 2012 de patates de la ferme des maraichers pour une distribution gratuite aux habitants du quartier.

Pas grand monde sur la place Salengro en ce jeudi froid : le commissaire a bien choisi ses jours et horaires de permanences : le jeudi (avec le mardi) est le jour le plus travaillé de la semaine, et comme la démocratie participative ferme à midi pile, ça laisse peu de possibilités d’expression citoyenne.

Manque de bol, ce jeudi on était là ! On défile dans son bureau pour lui parler de l’existant sur la friche et lui offrir quelques cadeaux : de la terre et du sable que la mairie a laissé avec ses trous au buldozer, des semences, un portique de sécurité pour le protéger… Pas à l’aise du tout, le monsieur, qui avait jusqu’alors, dans ses 14 précédentes enquêtes, l’habitude de jours paisibles à attendre que rien ne se passe pour plier son rapport sans mener réellement d’enquête, se réfugie derrière les textes comme à un paravent légitimant l’inaction. Il confond l’objectivité – qui suppose de se donner les moyens de confronter les discours, les faits, les données – avec la neutralité d’un paradis fiscal comme la Suisse – je sais tout mais je ne dirai et n’entendrai rien (neutralité qui n’en est pas une donc).

Devant nous, une dame âgée accompagnée de sa fille : elle nous explique que c’est son père, maçon italien, qui a construit lui-même leur maison, maison que la mairie a décidé unilatéralement de détruire, tout en n’indemnisant que ridiculeusement la propriétaire, qui ne pourra jamais trouver l’équivalent à Dijon pour ce prix là. De même pour un couple qui interpelle le commissaire enquêteur : est-il normal d’indemniser les propriétaires expropriés à 15€ le m² de jardin, alors que les promoteurs pourront vendre leurs appartements à plus de 2500€ le m² ?!?

On regarde les 6 pages de remarques inscrites dans le registre d’enquête, toutes défavorables au projet : qu’en restera –t-il dans le rapport du commissaire ?

Pas grand-chose assurément : toute cette mascarade est une machine à fabriquer un avis favorable du commissaire enquêteur, qui, à l’image de sa carrière de haut fonctionnaire de l’Etat, ira très probablement dans le sens voulu par le préfet et la mairie, tel un bon petit soldat qu’il n’a jamais cessé d’être.

On finit par se partager les patates de la ferme des maraichers et à en offrir à quelques passants chanceux. Deux policiers municipaux sortent de la mairie et nous demandent très sérieusement : « vous n’allez quand même pas laisser ça (le fumier) ici ! Vous allez nettoyer ! »

A-t-on déjà vu la FNSEA nettoyer l’entrée de la préfecture après son passage ? Eh bien, pour une fois, on est plutôt d’accord avec eux…

Posted in Non classé | Comments Off on Une enquête publique ? On se laissera pas enfum(i)er !

Petit retour sur la fête des 3 ans du quartier des Lentillères

Ce dernier week-end de mars, c’était la fête dans le quartier des Lentillères pour les 3 ans d’occupations potagères du Pot’Col’Le, la première bougie de la ferme Le Jardin des Maraîchers et la poursuite de la dynamique d’occupation sur la friche de 6ha d’anciennes terres maraîchères que la mairie veut bétonner ! Depuis l’année dernière, un rucher s’est installé, un bouc est passé par là, des poules ne tarderont pas arriver, de nouvelles parcelles ont été défrichées et mises en culture, des maisons réhabilitées et de nouveau habitées…bref, on s’arrêtera pas en si bon chemin !

Du coup, on avait concocté un programme du tonnerre pour les habitant-e-s du quartier :

Dès vendredi soir, c’était soupe à l’oignon à la grange des Lentillères puis concerts jusqu’au bout de la nuit, entrecoupées de discussions enflammées autour du brasero « Tierra y libertad » le bien nommé (« Terre et Liberté », slogan des luttes paysannes espagnoles anciennes et nouvelles, pour preuve les occupations récentes de grands domaines agricoles étatiques). On a eu droit au punk synthétique des allemands de Les Trucs, puis est venu le tour d’Alek et les Japonnaises et leur electropical à paillettes, suivi du rock psyché nuageux des dijonnais d’Altocumulus, puis du rock & groove d’Ultra Zook et pour finir les Buttshakers et leur soul & garage.

Pas le temps de se reposer : le samedi, dès 14h, plusieurs chantiers de vannerie demandaient de la main d’œuvre expérimentée ou non. Des plessis ont été réalisés le long des buttes de permaculture, une cabane vivante pour les enfants a été aménagée, ainsi qu’une haie vivante le long d’une parcelle du jardin. Parce que la production de légumes n’empêche pas l’esthétisme, espérons que les participants à ces ateliers feront essaimer cet art paysager traditionnel dans toute la friche.

Mais à peine 15h et un concours démarre sur le Jardin des Maraîchers : 2 équipes composées d’une dizaine de personnes chacune s’affrontent à l’aide de pioches, pelles et râteaux. Rassurez-vous, l’ennemi est en réalité commun, il s’agit des trous creusés l’année dernière par la mairie pour empêcher (vainement) l’installation agricole des 3 jeunes paysans (maintenant au nombre de 7) du Jardin des Maraîchers.

Sous les encouragements surexcités d’une soixantaine de supporters et d’un jury appréciant la technicité et l’esthétisme des 2 équipes, 3 heures d’efforts acharnés ne seront pas de trop pour reboucher les 2 trous en question. Encore bravo aux courageuses et courageux participant-e-s !

La friche des Lentillères n’étant pas un phénomène isolé d’occupation contre des projets d’aménagement du territoire aberrants, on a invité des copains et copines du Morvan pour discuter de leur opposition à la construction d’une gigantesque scierie industrielle sur une forêt de 100ha à Sardy-les-Epiry (Nièvre), qui déstabiliserait toute l’économie régionale du bois pour les seuls profits d’investisseurs belges, soutenus par le Medef local et des élus mégalo (tiens, tiens, ça ne vous rappelle rien ?). Et ils n’ont rien trouvé de mieux pour empêcher les premiers travaux de défrichage que de construire des cabanes et d’occuper le lieu pour empêcher le projet : bienvenue sur la ZAD (Zone A Défendre, en référence à la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) du Morvan !

Et pour finir la journée, sous une pluie glaciale, de délicieuses pizzas au feu de bois, puis le rythme endiablé d’une fanfare, avant une fin de soirée en mode « bœuf des Lentillères », pendant laquelle les artistes du potager ont pu laisser libre cours à leurs talents musicaux…

Et le dimanche, ça repart ! Pas de trêve pour la fête des Lentillères, même le jour de Pâques… Au programme de ce dernier jour : jardinage bien sûr (eh oui, c’est le moment de planter les salades et épinards en pleine terre), jeu de piste énigmatique explorant les moindres recoins de la friche, mots croisés géants sur le thème du jardinage évidemment, pour en finir avec un loto aux petits oignons.

Une conclusion en beauté pour cette super fête ayant rassemblé pendant 3 jours petits et grands, squatteurs, jardiniers, habitants du quartier, amis des 4 coins de la France, autour d’une lutte concrète d’occupation potagère créatrice de lien social et de vie de quartier. Au grand dam de la mairie qui préfère y voir une friche abandonnée sans intérêt, à remplacer par un parfait éco-quartier qui, dixit l’architecte David Michelin chargé de son design, s’inspire du « génie du lieu » : monsieur l’architecte, si vous nous lisez depuis votre bureau parisien, sachez que ça fait trois ans qu’on est là, trois ans qu’on construit, trois ans qu’on lutte, et c’est pas fini : on laissera pas béton !

 

 

Posted in Non classé | Comments Off on Petit retour sur la fête des 3 ans du quartier des Lentillères

Programme du printemps du POTCOLE

Le nouveau programme du POTCOLE vient de sortir ! Au menu des mois d’avril, mai et juin : jardinage, discussions, films, lectures, marché sauvage et soutien d’autres luttes à Notre Dame des Landes et Avignon…

Prog_POTCOLE_printemps_2013

N’hésite pas à venir nous rencontrer lors de ces rendez-vous collectifs, ou n’importe quand sur le jardin, pourvu qu’il fasse beau !

 

 

 

 

Posted in Non classé | Comments Off on Programme du printemps du POTCOLE

Lettre ouverte de Jean-Pierre Koenig à Pierre Pribetich au sujet des Lentillères

Dans un article publié Jeudi 28 mars dans le Bien Public M. Pribetich affirmait à propos des terres maraîchères du quartier des Lentillères : « ces anciennes terres ne devaient pas être si exceptionnelles, sinon les anciens exploitants ne seraient pas partis ». Jean-Pierre Koenig, ancien exploitant de ces terres et actuellement maraïcher bio à Auxonne a répond.

Bonjour,

J’ai lu hier dans votre journal dans l’article consacré au Jardin collectif des Lentillères des propos tenus par M. le Président du Conseil d’administration de la Semaad sur la fertilité des sols du quartier des Lentillères qui m’ont indigné ! Je cite : « ces anciennes terres ne devaient pas être si exceptionnelles, sinon les anciens exploitants ne seraient pas partis ».

Je m’inscris en faux contre ces propos et je ne sais pas d’où M. Pribetich tire sa légitimité comme expert agricole ! Il y a trente ans, j’ai eu la chance de pouvoir m’installer comme jeune maraîcher bio sur un hectare de très bonnes terres maraîchères dans le quartier des Pousssots. Avant moi, s’étaient succédés sur cette parcelle plusieurs générations de maraîchers qui par des apports répétés de fumier de cheval ont enrichi cette terre de façon considérable. Lors de mon installation en 1982, j’ai fait procéder à des analyses de sol qui révélaient un taux de matière organique allant de 6 % à 10 %, ce qui est très important Ce sol très fertile m’a permis de produire pendant plus de vingt ans des légumes bio de grande qualité de façon intensive puisque sur la même parcelle se succédaient jusqu’à trois cultures. Notre production était entièrement vendue sur le marché de Dijon, comme pour beaucoup de jardiniers de la ceinture verte. Ce qui a provoqué notre départ en 2000, n’est absolument pas lié à la qualité du sol du jardin, mais à la nécessité de penser à la pérennité de notre ferme, menacée par les projets d’urbanisme de la ville. Depuis, nous nous sommes réinstallés à Auxonne sur une grande parcelle de terres maraîchères, où nous poursuivons notre activité en bio.

Il y a trois ans, nous avons été enthousiasmés par le projet de jeunes jardiniers voulant reconquérir ces terres laissées à l’abandon après notre départ et les avons soutenus de notre mieux.

Il est indispensable de maintenir au coeur des villes des jardins comme celui du Pot’coll permettant aux habitants du quartier de produire, de façon individuelle ou collective les légumes de leur consommation. Vous avez choisi d’intituler votre projet d’urbanisme  » Eco-quartier des Maraîchers ». Prouvez votre bonne foi en maintenant sur ces terres une vraie activité agricole !

Jean-Pierre Koenig

Posted in Vie du quartier | Comments Off on Lettre ouverte de Jean-Pierre Koenig à Pierre Pribetich au sujet des Lentillères

Les semis sont au chaud

Merci aux amis maraîchers de la plaine de la Saône qui nous prêtent une serre chauffée pour nos premiers semis de l’année. Les jours de beaux temps de la semaine passée nous ont permis de continuer les travaux d’hiver pour … Continue reading

More Galleries | Comments Off on Les semis sont au chaud