Pourquoi nous parlons d’Écologies et de Communale ?

« Écologies »

Alors que l’acronyme de « ZEC » avait été lancé spontanément par l’un d’entre nous, et rapidement investi du nom de Zone d’Écologies Communale, on s’est rendu compte que les mots « Ã©cologies » et « communale » n’étaient pas forcément une évidence partagée. En janvier 2020, ils ont été longuement discuté pendant une réunion entre habitant·es et usagèr·es des Lentillères. Voici une tentative de définition commune de ces termes, élaborée à partir de bribes et d’extraits de cette discussion.

Quand on part de la définition la plus commune de l’écologie, « une doctrine qui vise un meilleur équilibre entre les humain·es* et leur environnement naturel » (dictionnaire Le Robert 2021), on se rend compte qu’on peut tout à fait s’en revendiquer politiquement.

Mais sur les Lentillères, on a aussi construit une certaine méfiance face à ce mot. Il faut dire qu’aujourd’hui, il est vraiment utilisé à toutes les sauces… On l’entend 5 fois par jour mais il est vidé de son sens, de toute la complexité qu’il contient et de ce dont il parle réellement. Il est même utilisé pour désigner l’exact inverse de ce qu’il prône, on en a un très bon exemple aux Lentillères, puisque c’est bien un « Ã©coquartier » en béton qui a failli détruire les terres maraîchères que l’on occupe.
Le fait de revendiquer la création d’une Zone d’Écologies Communale a donc créé quelques débats entre nous, mais nous avons choisi de ne pas abandonner ce terme à nos ennemis, et de plutôt chercher à l’enrichir de notre propre vision.

Sur les Lentillères, les usagèr·es et l’assemblée du quartier élaborent une attention particulière à l’environnement « naturel » présent ainsi qu’à tout ce qui compose les lieux.
Nous ne croyons pas à « l’écologie » comme science technique et autoritaire, dictant la bonne conduite à avoir pour préserver la « nature ». On pense plutôt qu’il y a « des écologies » : des manières nombreuses d’être en relation respectueuse avec son environnement ou son milieu, d’en utiliser les ressources sans les épuiser. Des manières qui varient suivant la complexité des situations.
Une chose pourtant nous paraît essentielle, c’est d’être lié·es à ce qui nous entoure. Car ce sont les liens et les interdépendances qui nous permettent et nous obligent à prendre soin de nous tou·tes, occupant·es et usagèr·es du quartier, humains ou non-humains, mais aussi de ce qui nous entoure, friches, terres maraichères, chemins et petits bois, etc.
L’environnement n’est pas que cette lointaine et gigantesque « Nature » qui recouvre une bonne partie (de moins en moins, en fait…) du globe, c’est d’abord les lieux où nous vivons, les arbres qui nous surplombent, les personnes qui nous entourent ou encore les chemins que nous empruntons quotidiennement.
C’est ce type d’écologie que nous tentons de construire aux Lentillères. Ce écologie n’est ni individualiste ni technique, elle se construit par l’expérience quotidienne et par la réflexion collective.
L’échec des gouvernants face à la crise climatique nous rend plus que légitimes à agir à d’autres échelles et à redonner du sens à l’écologie, comme de nombreux mouvements le font ces dernières années.

« Communale »

Le terme communale s’inscrit dans une longue histoire de luttes autour des « communs », de la « commune » ou encore du « communalisme ». Aujourd’hui, pourtant, comme le terme écologie (peut-être encore plus…) il a perdu son sens historique pour désigner administrativement ce qui appartient à la commune comme entité administrative.
Mais là aussi, nous avons eu envie de batailler pour réaffirmer le sens premier de ce mot précieux. Notre vision de la commune revient à se passer de celles et ceux qui prétendent la représenter, pour retrouver directement l’ensemble des personnes qui partagent des usages et des territoires. Pour nous, ce qui est communal est simplement ce qui est géré en commun. Et ces communs sont une affirmation forte face à la propriété privée.
Nous décidons ensemble de nos modes d’organisation et de certaines pratiques. Nous ne nous approprions pas les lieux, ni la terre, individuellement. Nous en avons des usages individuels et/ou collectifs, nous en tirons les fruits mais nous n’en disposons qu’ensemble, en se demandant ce qui est le mieux pour ce territoire. C’est un des objectifs de nos assemblées. Quand des personnes partent, elles ne s’en vont pas avec la terre qu’elles cultivaient ou avec la maison qu’elles occupaient. Elles laissent la place à d’autres, qui prennent le relai et viennent participer à la vie du quartier.
Ce n’est pas si nouveau, l’histoire des communs est ancienne et riche et nous ne faisons que nous inscrire dans cette volonté de décider par nous-même.
Ce n’est pas de tout repos, car la commune est un territoire dont on ne se où l’on ne partage pas seulement la jouissance, mais aussi le travail et le soin.

Ainsi, l’écologie n’est pas simplement « commune » – comme si nous avions simplement la même – mais bien « communale » : nous en partageons l’élaboration, l’usage et le soin quotidien.

SOMMAIRE

1 / Pourquoi s’attaquer au PLU ? Genèse de la ZEC

2 / Pourquoi nous parlons d’Écologies et de Communale ?

3 / La Zone d’Écologies Communale – Règlement

4 / Quelques pistes pour défendre juridiquement la ZEC

5 / L’Aire des Quartiers Alternatifs de la Baraque, un exemeple de zonage élaboré par ses occupant·es

6 / Le droit et les territoires en lutte : quelques retours d’expériences