Depuis cinq ans, nous occupons, cultivons, échangeons, fêtons sur les terres squattées du quartier libre des Lentillères. Aujourd’hui ce sont plus de deux hectares de terres qui ont été remis en culture entre potager collectif autogéré, parcelles cultivées entre famille et ami.e.s et ferme collective permettant aux potagistes de se réapproprier une partie de leur alimentation. Le marché hebdomadaire à prix libre, est devenu un moment privilégié de rencontres au sein du quartier tout comme les fêtes et les chantiers collectifs [1]. En somme nous construisons là où ils veulent détruirent.
Paroles, paroles, paroles !
Lors des dernières municipales, l’actuelle majorité déclarait dans la presse prendre conscience de la situation particulière de ces terres et disait être prête à ne pas les bétonner. « Voilà, si il faut revoir le projet, on reverra le projet. » [2]. Etrangement, aucune décision claire d’abandon du projet d’écoquartier n’a encore été prise. Au contraire, la logique des politiques et urbanistes imposée d’en haut suit son cours en faisant abstraction de ce qu’il s’y vit et s’y crée. Au mois de décembre, nous avons vu débarquer un attirail d’encravattés accompagnant les derniers propriétaires dans le cadre de la procédure d’expropriation. Les pouvoirs publics continuent le rachat des terrains, alors qui y’a t-il derrières ces dernières déclarations d’intentions ?
Ceci n’est pas un écoverger !
De notre côté, on n’attend pas qu’ils reculent sur le projet pour construire nos vies et nos imaginaires sur le quartier et on ne partira pas de là.
Nous allons planter des arbres fruitiers car au delà de la dimension symbolique, créer ce verger résonne comme une installation qui dure. De la même manière que les initiatives potagères nous réaffirmons notre volonté de produire sans but marchand et pensons cette production comme une nouvelle possibilité d’échanger, d’apprendre et de lutter. Nous imaginons dès aujourd’hui, planter, tailler, greffer et faire pousser ensemble ce verger. Et, dans quelques années, goûter aux fruits des arbres « interdits », les transformer et inventer des moments festifs autour de ça.
Nous avons envie de planter une cinquantaine d’arbres, à différents endroits sur la friche, avec des espèces, des variétés et des pratiques arboricoles diverses. Ce verger s’inscrit dans la lutte du quartier des Lentillères et ne sera pas l’écoverger de leur écoquartier !
Tous et toutes à la plante-ta-manif !
Nous invitons donc à une manifestation dans le quartier, arbres et pioches en mains, le 28 février à 14h, place Wilson, pour fêter l’arrivée de ce nouveau verger. Venez avec vos greffons, boutures, arbres à fruits et une pêche d’enfer !
Aménageurs, décideurs, arrachez vous ! Aux Lentillères, la lutte s’enracine !
[1] Voir notre « lettre ouverte aux dijonnais et dijonnaises »
[2] F Rebsamen le 28 mars 2014 à Miroir mag